Peut-on vraiment ne plus juger ?

Bonjour lecteur. C’est sympa de venir me voir.

Ce soir, je m’ennuie, alors j’ai fini par me dire que c’était le moment de poster un article sur mon blog. Et depuis quelques temps, je pense beaucoup au jugement. Tu sais, cette petite voix qui dit des trucs sur les autres dans ta tête… Tu veux des exemples ? ok, je t’en donne:

  • Quel con machin ?
  • Non mais l’autre, il est pas gêné
  • Oh là là, comme il a l’air malheureux celui-là
  • Quelle horreur qu’il est moche
  • Hmmm, lui je l’sens pas
  • Putain mais comme elle est agressive cette conne !

Oui oui, cette voix-là. Tu la connais forcément. Tout le monde la connaît et l’entend.

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Quoi ? Comment ? tu juges ? mais qui es-tu pour juger ? comment peux-tu te permettre ? La bible ne dit-elle pas “Tu ne jugeras point” ? N’as-tu jamais entendu dire qu’ “il faudrait réussir à ne plus juger les autres” de la part de personnes qui pensent avoir fait un bout de chemin dans leur développement personnel ? ou peut-être chez ton prof de yoga… ou encore une phrase du genre: “le jugement de l’autre, c’est ce que tu ne reconnais pas en toi blablabla” …

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi: la bonne, c’est que le jugement est instinctif, tu ne peux pas y échapper. Il est le résultat de l’instinct de survie. Il te permet de te faire une idée instantanée sur une personne, une situation, en se basant uniquement sur ton expérience et tes acquis. La mauvaise c’est que, justement, il se base uniquement sur ces deux éléments. On appelle ça aussi les préjugés. Tu la voyais peut-être venir: les préjugés qui mènent au jugement, il y a une certaine logique.

Si tu essaies de ne plus juger, tu auras constaté, si tu es honnête avec toi-même, que c’est impossible. Tu ne pourras jamais empêcher cet instinct de faire ce pourquoi il est spécialisé: te permettre d’évaluer une situation instantanément pour te préparer à une réaction très rapide de fuite, de défense, d’agression, en fonction de ce que ton esprit et ton corps ressentiront. En fin de compte, ce jugement, il n’est pas inutile, et lutter contre est hérésie. En plus, comme c’est impossible, c’est culpabilisant.

Le travail ne consiste donc pas à tenter de ne plus juger. Il consiste à reconnaître le jugement et à lui redonner sa place. Ainsi, lorsque je suis au volant et qu’un autre conducteur un peu stressé me fait une queue de poisson, je me sens personnellement agressé. Mon jugement va être que “c’est un con machin”. Mon corps va entrer en état de défense. Mes muscles vont se bander instinctivement pour me permettre de lui sauter à la gorge… sauf que bon, dans ma voiture, c’est pas très utile. J’ai donc deux choix:

  1. J’accepte ce jugement, je suis stressé, tendu, énervé. L’adrénaline parcours mon corps. J’ai envie de faire un rodéo avec ce blaireau, de lui rendre son sale coup, voire même, dans une colère noire, de le pousser dans le fossé
  2. Je reconnais que c’est un jugement, qu’il n’a pas sa place car je ne suis pas dans la nature, et je ne suis pas en danger. Que cet autre conducteur est comme moi, un mec un peu stressé sur la route, et je désamorce la bombe interne. Je remarque mes muscles bandés et mon souffle court, alors je respire un bon coup, puis je les détends, et je me dis “non, il n’est pas con… Je ne le connais même pas. Et il m’est déjà arrivé de faire accidentellement une queue de poisson à quelqu’un”.

C’est ça que j’appelle “remettre le jugement à sa place”. Bien sûr, je prends l’exemple du volant car tu seras certainement concerné. Je peux aussi prendre celui du piéton pour lequel une voiture ne s’arrête pas au passage clouté, ou celui de la file d’attente à la caisse avec la dame indélicate qui passe devant tout le monde. Au final, maintenant, c’est à toi de bosser, de reconnaître ces jugements, et de les remettre à leur place.

Lorsque tu prendras l’habitude de les reconnaître, tu te rendras probablement compte que le monde n’est pas aussi plein de cons que tu pouvais le penser. Tu prendras du recul et découvrira que tu n’es pas obligé d’être aussi stressé que tu l’étais jusque-là.

Un pas après l’autre…

8 réflexions sur “Peut-on vraiment ne plus juger ?

  1. J’arrive depuis votre commentaire sur FB.
    C’est peut-être jouer sur les mots, mais j’ai l’impression que ce que vous évoquez relève plus de l’appréciation (qui peut mener à un jugement) qu’un jugement (qui est normalement définitif).
    Au plaisir de vous lire!

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